Bénéficiez d'un service de conseils en inclusion des enfants avec des besoins particuliers3/25/2024
Leur initiative a suscité un enthousiasme général, car elle répondait de manière significative à un besoin pressant au sein du réseau.
À travers des formations complémentaires à la plateforme, Jessica et Cynthia donnent suite à un autre projet qu’elles chérissaient, visant avant tout à soutenir les professionnels qui accompagnent les enfants. Elles reconnaissent que ces professionnels sont l’élément essentiel d'une éducation inclusive de qualité. Leur objectif ultime est d'inspirer le changement en offrant un soutien essentiel aux adultes qui façonnent l'avenir des enfants. Aider et accompagner l'enfance exige d'aider et d'accompagner d'abord les adultes qui les entourent. Pour obtenir des conseils sur l'inclusion des enfants avec des besoins particuliers, contactez Cynthia et Jessica via le formulaire de contact : https://www.couleursdenfants.ca/nous-joindre.html. Un membre de l'équipe vous contactera dans un délai de 48 heure durant les jours ouvrables. Détentrice d’une maîtrise en médiation interculturelle de l’Université de Sherbrooke ainsi que d’un baccalauréat en communication-relations humaines de l’UQAM, Cinthya Dietz travaille depuis huit ans auprès des différents publics du milieu sociocommunautaire. Elle offre un accompagnement aux enfants, aux femmes, aux familles immigrantes et aux aînés, intégrant une approche humaniste, communicative et interculturelle. Agente de rapprochement interculturel au Centre d’action bénévole de Montréal-Nord, elle est actuellement responsable du projet « Pas à pas vers l’inclusion », plus connu sous le nom de PAPI.
Ces champs d’expertise sont :
Pour obtenir des conseils en lien avec son champ d'expertise, contactez Cinthya via le formulaire de contact : https://www.couleursdenfants.ca/nous-joindre.html. Un membre de l'équipe vous contactera dans un délai de 48 heure durant les jours ouvrables. Après avoir cultivé pendant près de deux décennies une expérience de terrain auprès du CPE Les Bourgeons-Soleil à l'installation L'Oiseau-Soleil de Terrebonne, tout d'abord comme éducatrice à la petite enfance puis, comme agente-conseil en soutien pédagogique et technique, Karine Desrosiers a entamé une formation pour appliquer le programme éducatif Highscope préscolaire et poupons/trottineurs.
À la suite de sa formation en éducation à l'enfance, elle a terminé deux certificats universitaires : un en soutien pédagogique et l'autre en intervention psychosociale. Elle poursuit présentement une maîtrise en éducation depuis l'automne 2023. Étant donné l’augmentation de la population immigrante dans son secteur d’activité et étant sensibilisé aux défis d’adaptation des nouveaux arrivants, Karine s’est intéressée aux techniques de communication, notamment en contexte interculturel. Ces connaissances qu’elle met en pratique au sein de son rôle d’agente-conseil en soutien pédagogique et technique auprès du personnel en éducation à l'enfance. Pour obtenir des conseils en communication interculturelle, contactez Karine via le formulaire de contact : https://www.couleursdenfants.ca/nous-joindre.html. Un membre de l'équipe vous contactera dans un délai de 48 heure durant les jours ouvrables. Diplômée au baccalauréat ès arts à l’UQAM et certifiée en immigration et les relations interethniques, en action culturelle et en gestion des ressources humaines, Jolette Côté a acquis plus de quatorze (14) années d’expérience sur le terrain en tant qu'éducatrice à l'enfance et plus de trois (ans) en tant que conseillère aux ressources humaines et chargée de projets innovants à impact social et environnemental.
En 2020, elle est lauréate de la cohorte 2020 de l’incubateur civique et de la Maison de l’innovation sociale (MIS) pour le projet Couleurs d’enfants : la clé de l’intégration. Un organisme à but non lucratif, fondé en janvier 2021 et qui partage comme mission l’inclusion de la diversité ethnoculturelle et des besoins particuliers dans les activités éducatives, dès la petite enfance. Depuis trois ans, elle offre des conférences, de la formation et de l’accompagnement sur mesure auprès du personnel et des gestionnaires dans les PME, les services de garde éducatifs à l'enfance (SGÉE) et dans les grandes entreprises en intervention interculturelle, en immigration et en EDI (équité, diversité et inclusion). Parmi ses clients, elle compte des fonctionnaires et des gestionnaires de la ville de Repentigny, le comité de parents à Villeray, l'UQAM dans le département de l'éducation à l'enfance, l'ACFAS et quelques services de garde éducatifs à l'enfance (SGÉE). En 2023, elle rejoint le comité norme EDI (équité, diversité et inclusion) de la Sofeduc; un organisme à but non lucratif dont la mission est de promouvoir, reconnaître et évaluer la qualité de l’offre de formation continue des organisations publiques et privées du Canada dans le respect des dix normes de qualité ; à titre d'experte en équité, diversité et inclusion. Ainsi que le comité d’apprentissage professionnel (CAP), à l’UQAM, qui a pour mission de reconnaître les avancées de la recherche scientifique en éducation à l’enfance et en pédagogie inclusive. Les sujets de prédilection de Jolette sont:
Pour obtenir des conseils sur l'approche interculturelle, en immigration, sur les pratiques en EDI et sur la prévention des mécanismes d'exclusion, contactez Jolette via le formulaire de contact : https://www.couleursdenfants.ca/nous-joindre.html. Un membre de l'équipe vous contactera dans un délai de 48 heure durant les jours ouvrables. On dit souvent que pour sensibiliser les enfants aux injustices sociales telles que le racisme et la discrimination, il faut agir tôt, d'une part, en les exposant aux diverses réalités culturelles, et d'autre part, en les initiant au monde qui les entoure à travers les livres et des histoires qui font ressortir la diversité québécoise et canadienne. Toutefois, le fardeau de l'inclusion ne peut reposer uniquement sur les épaules des enfants. Il exige aussi la mise en place d’une structure et d’un programme éducatif capables d'assurer une continuité des apprentissages et le développement de compétences sociales, depuis la petite enfance jusqu'à l'âge adulte. Dans ce témoignage, nous venons à la rencontre d'Alain, un Québécois de naissance, qui est d'origine haïtienne et dont les propos nous montrent l’importance d’inclure, dans l'éducation des enfants, des pratiques favorisant le vivre ensemble, ainsi que le respect de la différence et de l'environnement. ------------------------------------------------------------------------------------------------------ Pour m'entraîner, c'est un peu plus difficile à cause de la Covid, mais j'aime aussi regarder la télé et voir des films. Je suis un gars ben smat et ben cool. C'est moi ça. Es-tu né au Québec?
Oui. À Montréal, dans le secteur Rosemont. Je suis un gars du 514 . J'ai vécu là jusqu'à l'âge de 2 ans et ensuite à Saint-Hubert sur la rive sud. Rive-Sud power. Disons que Montréal, c'est le fun, mais y habiter avec tous les cônes, à gauche et à droite, et pas de parking (rire)....J'aime bien la rive sud. Est-ce que tes parents sont nés ici? Non. Ils sont nés en Haïti et sont venus au Québec, peut-être deux ans avant ma naissance. Avant leur arrivée, il y avait déjà de la famille, du côté ma mère, qui était installée à Montréal. Connais-tu les raisons qui ont poussé tes parents à immigrer au Québec? Je ne pourrais pas te dire c'était quoi la raison. Peut-être pour avoir un meilleur style de vie. Probablement qu’ils ont été encouragés à le faire par un membre de la famille qui leur a dit : « C'est magnifique, venez vous installer ici.» Ça se fait parfois de bouche à oreille. Certains sont allés aux Etats-Unis. En fait, après le premier, d’autres ont suivi parce que c'est un bel endroit pour vivre. Parle-nous de ton enfance. Comment l'as-tu vécu au Québec? Quand j'étais jeune, il n'y avait pas Internet, alors je faisais du sport, tous les sports qu'on voulait que je fasse. Je jouais au hockey, au volleyball et au badminton. Let's go! J’allais jouer dehors été comme hiver. L'été, j'étais tannant et c'était un peu normal. Je m'entendais bien avec tout le monde. Au primaire, au secondaire et au CÉGEP, on savait qu’avec moi, on allait avoir du fun. On riait chaque fois qu’on se parlait, même si c’était juste deux ou trois fois. Étais-tu entouré de personnes qui partageaient les mêmes origines ethniques que toi? Au primaire, on peut dire que j’ai grandi dans une école de blancs. En 6ième année, on était peut-être cinq (5) noirs dans l'école. À part ma famille, qui est d'origine haïtienne, mes amis étaient tous blancs. Il y avait quelques noirs, bien sûr, mais la plupart étaient blancs. Au secondaire, comme j’ai fréquenté une école multiculturelle, c'était l'inverse. Il y avait moins de blancs et beaucoup d’élèves d’autres milieux culturels. Est-ce que ton école secondaire était située à Montréal ? Non. Elle se trouvait sur la rive sud de Montréal. Je ne sais pas si tu connais l'école secondaire Montseigneur-A.-M.-Parent. Eh bien! J'ai fréquenté une école semblable, mais à caractère multiculturel. C'était la première fois que je voyais autant d’élèves d’origine arabe, haïtienne ou autre. Ce n'était pas un choc culturel, mais c'était différent. C’est au secondaire que j’ai connu la plupart des amis que j’ai actuellement. Je n’ai pas choisi de fréquenter davantage les Québécois, les Haïtiens ou les représentants d’autres cultures. Ça s'est adonné comme ça. Pour moi, dans la vie, dès que je suis heureux, ça me va. En plus, ça m'a permis d'en apprendre davantage sur les autres cultures. Si j'avais la chance de revivre mon secondaire, je la saisirais tout de suite (rire). Parle-moi de ta connaissance du créole. Te débrouilles-tu bien dans cette langue? Pour ma part, je ne vais pas parler le créole, mais je le comprends, puisque mes parents le parlent 99% du temps. Ils m'ont toujours encouragé à réussir à l'école. Il fallait donc que j’apprenne le français et l'anglais. De plus, mon cercle d'amis est composé en majorité de Québécois ''de souche” et d’autres origines qui parlent plutôt le français que le créole. En outre, je n’ai fréquenté que des institutions de langue française. Donc, si tu voulais faire l'entrevue seulement en créole, ce serait difficile. Je pourrais te comprendre, à cause de mes parents, mais je te répondrais en français. Encore là, il ne faut pas généraliser. Il s'agit uniquement de mon vécu. L'apprentissage des langues, que ce soit le créole, le français ou toute autre langue, varie en fonction de l'individu, de son entourage et de son éducation. As-tu fréquenté des services de garde éducatifs lorsque tu étais petit? J’ai très peu de souvenirs de cette période, mais je me rappelle qu’à la garderie, j'avais commencé à parler anglais, car c'était plutôt anglophone, et une des éducatrices avait des traits indiens ou asiatiques. Je me souviens qu'elle habitait à côté de chez nous. Selon moi, c'était un milieu très multiculturel. Revenons à ton expérience de l'école primaire. Aurais-tu voulu qu'on parle davantage de la diversité à ton école? Avec le recul, crois-tu qu’on aurait dû en parler et t’es-tu senti seul? Me sentir seul? Non. À l'école, j'étais ami (friendly) avec tout le monde. J'étais athlétique et toujours présent pour les autres. Il n'y avait pas de problème. Pour le racisme, il y en avait. C'est bizarre maintenant que je pense à ça, on me criait des noms parce que j’étais né noir et on me courait après parce que j'étais fâché. Toutefois, lorsqu'on entrait en classe, tout allait bien. C'était calme (chill). Les amis que j'ai aujourd'hui ne sont pas les mêmes que ceux que j'avais au primaire. Certains jours, j’entendais de petites remarques liées au fait que j’étais noir. Je me fâchais puis je leur courais après. Je n'allais pas les frapper mais ça se voyait sur mon visage que j'étais frustré. Toutefois, après 15 ou 30 minutes, on allait jouer au hockey ensemble puis c’était oublié. À chaque fois que je pense à ça maintenant, en tant qu'adulte, je me dis que c'est une question d’éducation. Est-ce qu'on parlait de racisme durant les cours à ce moment-là? Non. Je me débrouillais tout seul. D'un côté, ce n'est pas la faute du système d'éducation. On ignorait alors ce qu’était le racisme et l’importance de son impact sur l’enfant. Aujourd'hui, en tant qu'adulte, si on me disait les mêmes insultes au travail, ça ne passerait pas. Heureusement, de nos jours, on parle du racisme à l’école et dans les médias sociaux. Et ça permet à des milliers d'enfants d’en discuter, au primaire et au secondaire, et de sensibiliser les intervenants à cette problématique dans les écoles et dans la société. C'est récent, mais c'est nécessaire pour aider les jeunes et pour faire avancer la cause du vivre ensemble. Enfin, après ce beau témoignage, parle-nous maintenant de ton identité. L'identité, c'est personnel et c'est propre à chacun. Pour ma part, est-ce que les étiquettes ont un impact sur moi? Non. Si on me demande: “En somme, Alain, tu es quoi?” Eh bien, je répondrai que je suis né au Québec et que je suis donc Québécois. Si on m’interroge ensuite sur mes origines en raison de la couleur de ma peau, je dirai que je suis d'origine haïtienne. C’est ce que je répondrais à ceux qui pourraient m’accuser d’être un faux Haïtien. Je n’ai pas honte de parler de mes origines, ni de dire que je suis Québécois. En même temps, je sais que l'identité est un concept complexe qui varie en fonction de l'endroit et de l'environnement dans lequel on grandit. Peut-être que si j'avais grandi à Montréal-Nord ou dans un secteur ou il y a une plus forte concentration de la communauté haïtienne, je m'identifierais davantage à la culture haïtienne. Merci Alain. ------------------------------------------------------------------------------------------------------- Vous avez aimé le témoignage de Alain? Et vous désirez témoigner à votre tour? écrivez-nous à [email protected] Pour en connaître davantage sur l'atelier pour les services de garde éducatifs à l'enfance (SGÉE) sur les défis d'adaptation des enfants issus de l'immigration, cliquez ici. Elle a été lue mille cent fois ( 1100 x ) sur Facebook et partagée plus de cinq cent soixante-sept fois ( 567 x). Norma a accepté que l'organisme publie sa lettre touchante sur notre site internet et sur les réseaux sociaux afin de livrer son témoignage sur ses défis d'adaptation et les effets des mécanismes d'exclusion sociale dans son éducation. Et de sensibiliser les milieux éducatifs sur ces défis dès la période de l'enfance.
Je ne comprends pas, mais je ris parce que tous les visages blancs rient. J’ai peut-être 8 ans.
Mes camarades de classe étirent leurs paupières et on m’étire lentement… On déforme mon nom, on rit quand je me décompose. Je ris, mais je pleure aussi. J’ai 12 ans. Je n’ai plus de nom. Je suis « la chinoise » ou « la fille asiatique ». Je me déteste. Chaque année, on me demande d’où je viens parce que, où je suis et où je vais n’est pas suffisant pour comprendre quelle sorte d’humain je fais. Chaque année, sans faute. Petite, je regarde mes parents, mes grands-parents, ma famille balancer mes origines à tous ceux qui le demandent, comme une histoire banale, comme quelque chose qui ne m’appartient pas primordialement. Étant adulte, je reprends le même manège docilement lorsqu’on finit par m’interpeller sans intermédiaire. Je me crois polie de répondre, je donnerais à un étranger une partie de mon histoire sans en attendre une de leur part. Comme un bar à salade où tout le monde se sert par réflexe plus que par intérêt. À des funérailles, on me demande si j’aime le Canada au final ? Je n’ai pas encore de verdict. J’ai peut-être 13 ans. Un jour, dans une clinique, j’entends une dame dire qu’elle a adopté, jusqu’au moment où elle a eu des enfants à elle, cette fois. On me dit: « Je suis contre l’adoption ?», « Si j’étais toi, je retrouverais mes vrais parents.» On me tord dans tous les sens avec des opinions agressants. Je suis à Toronto. Mon ami blanc me demande si je me sens enfin comme chez nous, puisqu’il y a beaucoup d’asiatiques dans la ville. J’ai 14 ans. On me parle aussi de sushis, de la Chine, de la Thaïlande, du Japon. On me dit: « J’ai déjà sorti avec quelqu’un comme toi. », « Je ne suis pas intéressé par les asiatiques » « J’ai des amis pareils que toi », « Moi, je… » « Si j’étais toi, je… », « Je connais… ». Et les mots des autres ne me parlent pas à moi. Les voyages faits, les plats mangés, les relations formées, sont jetés à ma figure comme s’ils pouvaient me valider, me rassurer que mon existence a été enfin résolue par la leur. Je n’existe pas sans eux. J’ai 20 ans, je travaille dans une résidence pour personnes âgées. Je n’ai toujours pas de nom. Je suis « la petite chinoise ». On me demande de « repasser », on me demande si j’aime mieux le Canada que mon vrai pays, et une femme me présente comme étant « son adoptée » à tous les employés qu'elle rencontre. Je suis une chose. Je change d’emploi. Je travaille pour une compagnie téléphonique. Un de mes collègues s’amuse à dire Ping Pong dès qu’il me voit ou voit d’autres asiatiques. Il prétend qu’il n’est pas raciste, c’est des jokes. Je suis une joke. Je suis plus âgée, je travaille pour une salle de spectacle et chaque client venant acheter un billet s’enquiert de mes origines en composant son nip dans la machine. Je suis une transaction. Un peu plus tard, je travaille dans un centre d’appel gouvernemental. Je reviens du Japon, je suis enfin heureuse d’avoir pu être un semblant d’humain à l’étranger avant de redevenir un produit exotique chez moi. Ça recommence. En un an, onze (11) personnes différentes me demanderont d’où je viens, sans contexte, sans gêne. Je.ne.réponds.plus. Mes origines sont à ma discrétion. Un homme me demande «mon vrai nom », parce que je ne peux pas être Norma. Juste Norma. Une femme rit d’un personnage asiatique nommé Irene parce qu’il devrait s’appeller « ching chong ». Une dame me dit : Je ne suis pas raciste. Je te demande d’où tu viens parce que tes yeux sont bridés. Parce que tu as l’air différente. Parce que tes yeux sont en amande. Trois (3) excuses l’une à la suite de l’autre pour que la dame puisse se convaincre qu’elle n’est pas la raciste que je vois. Dans cet ordre. Je vous le jure. Et s’ensuit une énumération des Japonais qui sont si polis, des Chinois qui sont si horribles, et des musulmans qui maltraitent leurs femmes. Mais on n’est jamais raciste. On est trop Québécois de souche pour avoir le temps d'être autre chose. Mon élastique s’effrite comme si on l’avait laissé trop longtemps au soleil. Un soleil raciste. Je pars pour le Japon, parce que je suis épuisée de me battre contre mon propre visage qui attire les commentaires, les farces, les opinions. J’ai besoin de cette pause. J’ai besoin d’être la fille «sans l’asiatique ». J’ai besoin d’être Norma avant d’être « la PETITE chinoise ». J’ai besoin d’être invisible en étant réellement visible. J’ai besoin de cesser d’être ce sous-produit humain qui n’existe que dans les fantasmes et la curiosité de la majorité. Et ce besoin, les blancs ne l’auront jamais. Et ce sont eux qui disent qu’ils ne voient pas la couleur. Cette couleur me définit, elle est la cause de mes expériences, de mes traumas, de mes joies et de mes peines. Si tu ne la vois pas. Tu ne me vois pas. Point. - Norma ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Vous avez aimez le témoignage de Norma? Et vous désirez témoigner à votre tour? Écrivez-nous à [email protected] Pour en connaître davantage sur les ateliers pour les services de garde éducatifs à l'enfance (SGÉE) sur les défis d'adaptation des enfants issus de l'immigration et sur les mécanismes d'exclusion sociale : comment les prévenir dès la période de l'enfance ? : cliquez ici.
Ce témoignage vise à sensibiliser aux difficultés d'adaptation auxquelles les enfants mixtes peuvent être confrontés à la maison ou dans les milieux éducatifs. Il permet aussi d’ouvrir le dialogue sur des sujets sensibles et d’actualité avec les enfants ainsi que de développer des pratiques inclusives favorisant l’inclusion des enfants mixtes à travers leur groupe et dès leur plus jeune âge. Bonjour Valencia
Bonjour! Parle-moi de toi. Qui est Valencia? Je suis une femme de 31 ans qui travaille présentement dans le milieu des arts et plus précisément pour la compagnie Danse sur saut qui a lancé le premier festival contemporain destiné aux jeunes. Ça me fait du bien, car je renoue ainsi avec mes premières passions: la danse et le mouvement. Pourquoi la danse te passionne t-elle autant? La danse et le mouvement m'ont permis de m’exprimer lorsque j’étais enfant. J'ai débuté la danse à l'âge de 4 ans et j'ai poursuivi jusqu'à l'âge de 19 ans en combinant sport, étude et danse au secondaire. Comme j’ai vécu des trucs assez difficiles dans mon enfance, j’ai pu ainsi libérer des tensions dont je n’étais pas consciente à ce moment-là. C'était mon exutoire et un moyen de socialiser. Je ne parlais pas beaucoup et j'étais extrêmement gênée. Je dois te poser cette question lourde de sens et un peu fatigante : D'où viens-tu? C'est nécessaire pour le projet, pour avoir un meilleur aperçu de ton parcours éducatif et pour faire avancer la cause de l'inclusion des enfants issus de l'immigration. (Elle ricane et poursuit). Est-ce que tu parles de mes origines? En fait, si tu posais cette question à ma famille, qui est ''visiblement'' québécoise et non mixte, elle dirait que je suis québécoise. Pourtant, je suis née en Ontario, donc techniquement je suis ontarienne de naissance. Quand j'ai eu 2 mois, ma famille est revenue s'installer au Québec. Toutefois, ma mère vient de Rouyn-Noranda, et elle a grandi à Montréal, ce qui fait de moi une Québécoise. On me demande souvent d’où je viens, et des fois, ça me fâche. Est-ce qu’on poserait cette question à quelqu'un qui a la peau blanche ? L'identité est aussi une question personnelle.. Comment perçois-tu la tienne ? Je me considère comme une Québécoise mixte, comme le sont tous les Québécois, à mon avis.. Je reviens à l’expression «pure laine» que j’entends souvent. Il n’ y a personne qui est ''pure laine''. Le Québécois a des racines européennes et autochtones, et ces cultures se sont mélangées à d’autres au fil du temps. Il y a des gens qui supposent automatiquement que je suis née dans un autre pays. Ça change quoi de toute façon? Ma voix et ma façon de m’exprimer indiquent clairement que je viens d'ici. Donc, pour revenir à ta question, je suis une Québécoise mixte et je suis brune à cause de mes origines canadienne et haïtienne. Est-ce que tu t'identifies plus à une culture qu'à une autre? Oui. Comme j'ai été élevée par ma mère, je m'identifie davantage à la culture québécoise qu’à celle de mon père que je connais peu. Parle-nous de ton enfance. As-tu eu de la difficulté à prendre ta place et à bien vivre ton identité mixte dans ta famille et dans les milieux éducatifs que tu fréquentais? Oui. Dans ma famille, du côté de ma mère, il y avait certaines choses qu'elle ne comprenait pas. Je suis proche de ma famille, mais en écoutant ma mère, j’avais parfois l’impression qu'elle avait du mal à me comprendre et qu’elle le regrettait, car elle aurait voulu m'aider. Par ailleurs, je découvre qu’il y a parfois du racisme dans les propos de certaines personnes de mon entourage.. Par rapport aux enfants, à l'école primaire que je fréquentais, dans l'île de Montréal, j’ai vécu de l'exclusion dès les premiers jours. Je m'en souviendrai toujours. Certains des enfants me disaient «Non toi, tu ne peux pas jouer avec nous parce que tu es noire». Heureusement, quand j’en ai parlé aux intervenants, ils ont rapidement réagi. En outre, cette période a été difficile pour moi parce que je ne voyais plus mon père et que j’avais bien du mal à m’aimer moi-même. J'arrachais la peau de mes lèvres. Je ne voulais plus être noire, car cette partie de moi, je l’associais à une expérience négative; celle de mon père. En plus, on me rejetait à l'école parce que j’étais noire. Les enfants me disaient «Ah, t'es sale! Tu t'es pas lavé!», même si j'étais propre. Par contre, les intervenants du centre de la petite enfance (CPE) que je fréquentais à l'époque étaient toujours ouverts et gentils. Ils prenaient bien soin de moi. J'en garde de très beaux souvenirs. Tandis qu'à l'école primaire, c'était différent. Quelles répercussions ces expériences ont eu dans tes relations et dans ton éducation? Mon cercle d'amis est plutôt composé de Québécois dits ''de souche''. Quand je rencontre des personnes qui me ressemblent physiquement, ma première réaction est de demander «C'est quoi tes origines?». Même si je trouve la question fatigante puisque j'ai vécu de l'exclusion une bonne partie de ma vie, j’essaie quand même de m’entourer de gens qui me ressemblent physiquement. Malheureusement, c’est difficile et ça me manque. Avec le recul, je me dis que cette question fatigante «Tu viens d'où?», c'est tout simplement de la curiosité. Face à une personne différente de soi, c'est comme un automatisme. La question est naturelle et tout à fait innocente, surtout chez les tout petits qui sont tellement curieux et veulent juste savoir. Que conseillerais-tu aux intervenants de la petite enfance et dans les écoles pour faciliter l’intégration des enfants mixtes? J'ai été éducatrice à l'enfance pendant quelque temps et j'ai adoré mon expérience qui m’a permis d’être un modèle mixte pour les enfants. Paradoxalement, c'est ce qui m’a manqué le plus dans mon enfance. Il n’y avait pas de modèle mixte ou issu de la diversité dans les milieux que je fréquentais. Enfin, durant toute l'entrevue, tu t’es décrite comme une Québécoise mixte ou brune. Pourquoi ne pas plutôt te définir en tant que «mulâtre» ou «métisse»? Historiquement, au début de la colonisation, l'étiquette «métisse» était associée à un enfant né d'une personne européenne et d'une personne autochtone. Par ailleurs, l'étiquette «mulâtre», selon le dictionnaire Robert, désigne un enfant né d'une personne blanche et d'une personne noire. À priori, ça n’a rien de négatif, mais lorsqu'on creuse un peu plus, on découvre que le terme provient de l'espagnol “mulatto” et qu’il signifie “mulet”, soit le résultat de l'accouplement d'un âne et d’une jument. Dans mon cas, lorsque j’étais plus jeune, les adultes me qualifiaient de «mulâtre». Comme je ne savais pas alors que le terme était péjoratif, ça ne me dérangeait pas . Aujourd'hui, j'essaie de me détacher de toutes ces étiquettes qui ne me correspondent pas et qui ne m'appartiennent pas. Je me définis plutôt en fonction de mon histoire et de mon vécu. C'est pour ces raisons que j'ai choisi de me décrire comme Québécoise mixte ou brune. Tout ça pour dire qu’il faut se définir soi-même quand l'environnement n'a pas un vocabulaire adéquat pour le faire. Et qu'il est important d'avoir recours à un encadrement diversifié et positif pour les enfants. Quand on y pense, l'identité est un concept à la fois embêtant et lourd de sens pour un adulte comme pour un enfant. Afin d’exprimer mon identité plus simplement, j’ai choisi la danse et les arts visuels, deux modes d’expression que j'aime partager avec le public. Pour découvrir les œuvres d'art de Valencia, riches en mouvement et en identité mixte, visitez sa page Facebook à https://www.facebook.com/search/top?q=valencia%20art%20design ................................................................................................................................................................................................ Vous avez aimez le témoignage de Valencia? Et vous désirez témoigner à votre tour? Écrivez-nous à [email protected] Pour en connaître davantage sur l'atelier pour les services de garde éducatifs à l'enfance (SGÉE) sur les défis d'adaptation des enfants issus de l'immigration, cliquez ici. |
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