Histoire de Alain

[Mois de l’Histoire des Noirs, édition 2023]

En ce mois de l’Histoire des Noirs, nous célébrons l’implication des artistes et des professionnels des communautés noires du Québec. Nous avons à cœur de promouvoir l’édition 2023 du mois de l’Histoire des Noirs qui a pour thème : de l’obscurité à la lumière.

Dans cet article, Couleurs d’enfants | la clé de l’intégration est allé à la rencontre de Alain, un spécialiste dans le domaine informatique. Né à Montréal de parents d’origine haïtienne, Alain a accepté de partager son histoire vécue, les raisons qui ont amené ses parents à immigrer au Québec et quelques pistes de réflexion pour aider les jeunes à harmoniser leurs différences culturelles.


Crédit photo: Alain

Bonjour Alain, raconte nous ton histoire.

Je m’appelle Alain, j’ai 37 ans et je vis à Brossard. Je travaille comme spécialiste dans le domaine de l’informatique et j’aime les sports, en particulier le basketball. J’aime aussi regarder la télé et voir des films. Je suis un gars ben smat et ben cool.


Je suis né à Montréal dans le secteur Rosemont où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 2 ans. Par la suite, nous sommes déménagés à Saint-Hubert sur la rive sud. Disons que Montréal, c’est le fun, mais y habiter avec tous les cônes, à gauche et à droite, et pas de stationnement (rire)…J’aime bien la rive sud.


Mes parents sont nés en Haïti et sont venus s’installer au Québec environ deux ans avant ma naissance. Avant leur arrivée, il y avait déjà de la famille du côté de ma mère qui était venue s’installer à Montréal. Je ne pourrais pas nommer la raison précise qui les ont amenés à immigrer. Peut-être pour avoir un meilleur style de vie. Probablement, qu’ils ont été encouragés à le faire par un membre de la famille qui leur a dit : « C’est magnifique, venez vous installer ici ! » Ça se fait parfois de bouche à oreille. Certains sont allés aux États-Unis.


Parle-nous de ton enfance. Comment l’as-tu vécu ?

Quand j’étais jeune, il n’y avait pas Internet, alors je pratiquais différents sports, en fait tous les sports qu’on me proposait de faire. Je jouais au hockey, au volley-ball et au badminton. J’allais jouer dehors été comme hiver. L’été, j’étais tannant et c’était un peu normal. Je m’entendais bien avec tout le monde. Au primaire, au secondaire et au CÉGEP, on savait qu’avec moi, on allait avoir du fun. On riait chaque fois qu’on se parlait et qu’on se voyait.

Cependant, ce n’était pas toujours rose ; du racisme, il y en avait. On me criait des noms parce que j’étais né noir et on me courait après parce que j’étais fâché. Toutefois, lorsqu’on entrait en classe, tout allait bien. C’était calme (chill). Les amis que j’ai aujourd’hui ne sont pas les mêmes que ceux que j’avais au primaire. Certains jours, j’entendais de petites remarques liées au fait que j’étais noir. Je me fâchais puis je leur courais après. Je n’allais pas les frapper, mais ça se voyait sur mon visage que j’étais frustré. Toutefois, après 15 ou 30 minutes, on allait jouer au hockey ensemble puis c’était oublié.

Quelles répercussions ces expériences ont eu sur toi ?

À chaque fois que je pense à ça maintenant, en tant qu’adulte, je me dis que c’est une question d’éducation.

De nos jours, on parle de plus en plus du racisme dans les écoles et dans les médias. Ça permet à des milliers de jeunes au Québec d’en discuter et de les sensibiliser à cette problématique dans les écoles et dans la société. C’est récent, mais c’est nécessaire pour aider les jeunes et pour faire avancer la cause de l’inclusion et du vivre-ensemble.

*Voir la programmation de l’organisme Ensemble pour le respect de la diversité pour les écoles à travers le Québec.


Quel (s) conseil (s) aimerais-tu transmettre aux jeunes pour les aider à mieux harmoniser leurs cultures québécoise et haïtienne ?


Il ne faut pas avoir honte de parler de ses origines, ni de dire qu’on est Québécois ! Si on me demande : “En somme, Alain, tu viens d’où ?” Eh bien, je répondrai que je suis né au Québec et que je suis donc Québécois. Si on m’interroge ensuite sur mes origines en raison de la couleur de la peau, je dirai que je suis d’origine haïtienne. C’est ce que je répondrai à ceux qui pourraient dire qu’on est des «faux Haïtiens» ou des «faux Québécois». En même temps, l’identité c’est personnel et c’est un concept complexe qui varie en fonction de l’individu, de l’endroit ou de l’environnement dans lequel on a grandi. Par exemple, si j’avais grandi à Montréal-Nord ou dans un secteur où il y a une plus forte concentration de la communauté haïtienne, je m’identifierais peut-être davantage à la culture haïtienne.

Pour connaître la mission de Ensemble pour le respect de la diversité, cliquez sur ce lien : http://www.ensemble-rd.com/

Pour connaître la programmation du mois de l’Histoire des Noirs 2023, cliquez ici : https://www.moishistoiredesnoirs.com/

Patrimoine Canada : trousse outils numériques pour le mois de l’Histoire des Noirs: https://www.canada.ca/fr/patrimoine-canadien/campagnes/mois-histoire-des-noirs/trousse-outils.html