Cette communication a pour principal but de sensibiliser, de mobiliser et d’intégrer des outils de compréhension sur la réalité des familles issues de différentes communautés cultuelles. C’est un jeudi après-midi et je me dirige chez Tony qui a accepté mon invitation afin de participer à ce projet innovant dont peuvent bénéficier les jeunes québécois, les familles immigrantes et les intervenants qui œuvrent auprès des enfants et des familles. Il me convie à prendre place dans son salon et à déguster des biscuits à l'érable. Résister à ces petits biscuits fabriqués au Canada avec un ingrédient emblématique du pays, soit l’érable, est presque impossible. Je lui demande s’il est prêt à commencer. Il me répond ‘’oui’’ suivit d’un ricanement fort , contagieux et annonciateur de l’ambiance agréable, décontractée et drôle dans laquelle sera baignée l’entrevue. Bonjour Tony, comment vas-tu?
Je vais bien merci et toi ? Très bien merci! Parle moi de toi..qui es tu Tony ( suivi d’un fou rire mutuel)? Je suis un homme âgé de 34 ans, homosexuel, né à Montréal. Ma mère est vietnamienne, mon père il est chinois. J’ai grandi dans la petite Italie, ensuite j’ai grandi à Montréal-nord. Je travaille comme infirmier en pédiatrie. Raconte-moi ton parcours éducatif dès la petite enfance. Est-ce que tes parents sont nés ici? Non. Ils ont immigré ici. Je n’ai jamais vraiment demandé la vraie raison mais c’est par rapport à la guerre, par rapport au communisme. Ils se sont échappés. Tout le côté de mon père est venu s'installer ici. Tandis que tout le côté de ma mère est resté au Vietnam. En fait, la famille de mon père est partie de Chine pour aller au Vietnam. Après, ils sont partis du Vietnam pour venir ici. Ça fait plus que 40 ans qu’ils sont ici à Montréal. La famille de mon père a décidé de vivre très proche. J’ai été dans les mêmes écoles que mes cousines et mes cousins. C’est comme si j’avais plein de grands frères et pleines de grandes soeurs. Pis…c’est ça! J’ai été voir 2 fois la famille de ma mère au Vietnam et c’est tout. Donc je ne suis pas vraiment proche d’eux. En grandissant, mon père m’a appris le cantonnais, et ma mère a voulu m'apprendre à parler en vietnamien. À ce moment-là, j’avais environ 3 ans. Mais à 4 ans je suis allé en pré-maternel et j’ai commencé à apprendre le français. Alors avec mes deux grandes sœurs, quand je rentrais à la maison je leur parlais en français puis à mes parents, je mélangeais comme le français et le vietnamien. Vu que j’ai appris à lire le français c’était comme vraiment la langue que j’utilisais le plus, ce qui n’a pas aidé dans ma relation avec ma famille au Vietnam parce que je ne peux pas vraiment communiquer avec eux. Je leur parle vraiment comme si j’étais un enfant de 4 ans là. Fait que c’est un peu difficile. Maintenant mes parents parlent mieux le français alors ils me comprennent de plus en plus. Mais je n’arrive pas à exprimer mes sentiments en vietnamien. Ce niveau de langage, ils ne le comprennent pas nécessairement en français. Donc c’est difficile pour moi de leur expliquer comment je me sens. Comment s’est déroulé ton parcours scolaire et avec les intervenants? Par rapport aux intervenants, dans notre culture, la personne la plus vieille dans les enfants est comme un troisième parent. Alors ma grande sœur m’a élevé. Elle a aussi aidé mes parents à m'élever : elle me lavait, me changeait et me nourrissait. Elle faisait tout pour moi. Cette personne-là sert aussi de traducteur pour les parents et pour les intervenants. C’est comme ça dans toute ma famille. Tous mes oncles, leur premiers enfants ont tous pris ce rôle-là dans la famille. À l’école, ma sœur venait tout le temps pour traduire ce que le professeur disait aux parents. Parlons d’identité. As-tu vu la publicité du gouvernement du Québec sur les ‘’amis québécois ‘’? Qu’en as-tu pensé? I don’t even see the angle (traduction: Je ne vois pas le message). Depuis la Covid , on a commencé à «bâcher» sur la communauté asiatique. À les frapper même. Je pense que finalement je comprends le message. C’est de dire que eux aussi c’est des québécois. Mais la manière et la façon dont ils se sont pris pour transmettre ce message est étrange. C’est comme si les personnes noires et les personnes asiatiques (il n’a pas regarder la publicité sur les arabes et les latinos) sont perçues comme des étrangers. C’est comme si on ne savait pas que ce sont des québécois: Ou ne vous inquiétez pas, ce sont des québécois! (Lien pour voir la publicité du gouvernement du Québec sur les amis (e) québécois (es) : https://www.youtube.com/watch?v=GGTGduWbTEg ) Comment est-ce que tu te définis? Est-ce que tu te considères comme un québécois ? C’est drôle parce que ça dépend des circonstances. Ça arrive que je m’identifie comme étant québécois parce que je suis né ici, j’ai grandi avec le français, j’ai grandi avec la culture québécoise. J’ai beaucoup regardé les émissions québécoises et j'ai beaucoup écouté la musique québécoise. It's the only thing I do (traduction: C'est la seule chose que j’ai faite). C’est normal que je m’identifie à ça. Mais l'identité est très personnelle. Moi je m’identifie à plusieurs choses : je m’identifie comme un homme, cisgenre, homosexuel, québécois , canadien, d’origines vietnamienne et chinoise. Je trouve que de s’identifier à une seule chose révèle un manque d’ouverture d’esprit. Même un Québécois ‘’de souches’’ peut s’identifier à plusieurs choses. Est-ce que tu t'identifies aussi à la culture de tes parents? Je m’identifie moins à la culture chinoise et vietnamienne en grandissant. Parce que c’est beaucoup de traduction. Il y a beaucoup de lignes dans cette culture là qui sont restrictives et qui dictent comment tu devrais te comporter; exemple par rapport à la superstition. Nous sommes bouddhistes aussi. Il y a aussi le fait que je ne parle pas la langue maternelle de mes parents. Est-ce qu’il y a des actions que tu aurais voulu apporter, du primaire au secondaire, pour améliorer l’inclusion des enfants issus des communautés ethnoculturelles au Québec? C’est plus le mot ''améliorer'' qui fait que je ne sais pas comment répondre à ta question. À l’école, au primaire et au secondaire, je n’ai jamais ressenti une exclusion à cause que je suis asiatique. Parce que vu que j’ai grandi dans la petite Italie, c’est très multiethnique et toutes les activités incluaient tout le monde. Je n’ai jamais ressenti d’exclusion à l’école en tout cas. Merci Tony :) ! Vous avez aimé le témoignage de Tony et vous désirez transmettre vos commentaires ou témoigner à votre tour, écrivez-nous à [email protected] Pour en connaître davantage sur l'atelier pour les services de garde éducatifs à l'enfance (SGÉE) sur les défis d'adaptation des enfants issus de l'immigration, cliquez ici. |
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